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Poésique d’Avril

Alfons Maria Mucha, Printemps

Oui, je suis une dilettante et j’ai déserté ce lieu depuis quelques temps. Mais voilà, ce soir, je me glisse dans la peau d’Iris Absinthe pour lancer une série que j’espère pérenne, les Poésiques !

Le concept ? Inviter un poète le temps d’un billet, et le lire en écoutant une petite playlist Spotify reflétant l’humeur du moment (n’hésitez plus, c’est gratuit, mille fois mieux que Deezer, et il n’y a plus besoin d’invitation !).
En avant la musique : Poésique d’Avril
Laissons donc à Blaise Cendrars le soin d’inaugurer cette nouvelle section ! Pourquoi ce choix ? Parce que ces quelques vers nous parlent de ces jours-cis, de l’été qui vient, des premières fraises (les vraies), des premiers apéros en terrasse, des promenades dans les parcs et des orteils à l’air. Et aussi parce que Cendrars m’a toujours fait voyager, en transsibérien notamment, mais ceci est une autre histoire, qui fera l’objet d’un prochain post, à n’en point douter !

Mercredi soir, au Social Club, nous fûmes nombreux à nous sentir hypnotisés par l’électro planante tendance trip hop de Four Tet.

L’intro dure, longtemps, longtemps, on se détend. On sent les corps autour de nous se relâcher, les yeux se fermer. La musique monte, mais tout doucement, relaxation collective. Et ça monte, ça monte encore et je me prends à sourire toute seule, parce que je suis bien. La mélodie sirupeuse se fait soudain grinçante, puis saturée, puis le rythme reprend le dessus. Une heure de pur bonheur quasi mystique qui passe très bien réchauffée un samedi matin pas assez ensoleillé, jugez plutôt :

Merci à Toniolito pour la découverte et à Caro pour revival via ce soundcloud.

Qui ne s’est jamais endormi devant la télévision pour se réveiller tout ankylosé à une heure indue devant « Très chasse, très pêche » ou une n-ième rediffusion de « Plus belle la vie » ? Dans ces moments là, on se sent un peu seul. Et on éteint à tâtons.

Hier soir, j’ai été tirée de mon coma télégénique par une voix. Une voix de celles qu’on n’oublie plus après les avoir entendues. Comme lorsque j’ai découvert Lou Reed (in Berlin), enfant. Ou Bowie. Ou Zappa.

Karima Francis passait dans l’émission de Manu Katché One Shot Not sur Arté (disponible en ligne pendant 1 mois). Je ne la connaissais pas, et pourtant, elle a été repérée il y a un an par The Observer, première du classement The 20 best new acts of 2009.

Cette voix s’envole, se pose, plonge et remonte, très incarnée, organique, tout en restant totalement lumineuse. Elle touche au fond sans le chercher. Ce qui touche en fait, c’est vraiment cette simplicité. Elle ne se cache pas derrière sa voix, si particulière, mais ne fait  qu’offrir aux quatre vents ce qui est tout au fond d’elle, et s’étonne à chaque fois de la résonance que ses mélodies folk trouvent dans le public:

“I still have my insecurities, but I must have some confidence to get up on stage and do what I do. When an audience claps at the end of a song, I can’t understand it. I’m just stood there, and there are hundreds of people listening to my words – it’s kind of hard to take in.”

Pas de fausse modestie. « I’m not intelligent, you know. » affirme-t-elle, le plus calmement du monde, à une journaliste qui la couvre d’éloges. Elle montre ses failles sans vouloir attirer la pitié, encore moins les compliments. Parce que pour elle ce ne sont pas des failles mais juste des faits, assumés, en toute quiétude. Ce calme, cette douceur qui émanent de cette belle personne backstage sont presque aussi touchantes que cette voix enveloppante qui déferle sur scène.

Karima Francis est née à Blackpool, et, comme si ça n’était pas assez difficile, a d’abord exercé sa voix sur des reprises de Céline Dion – c’est ça, avoir sa mère comme imprésario -. A Blackpool, elle est à la batterie, dans un groupe de rock. C’est en débarquant à Manchester il y a deux ans qu’elle quitte la batterie pour le chant, parcours peu conventionnel, comme le reste. « The Author » est le titre qui l’a faite sortir des limbes de MySpace (elle fût rapidement signée par le label indé Kitchenware Records). « It wasn’t my first song. But it was my first good one. » En effet, The Author fut un moment en tête des downloads iTunes en mars dernier…

Merci Manu Katché, merci Arté. Maintenant, je veux la voir sur scène, en France. En attendant, laissez-vous envoûter :

Chanel Printemps/été 2010 : un défilé immaculé. Blanc, dentelle, argent, iridescence… Subtilité des matières, lumière douce… Exit la petite robe noire, incontournable de la rue Cambon, et welcome back la jupe culotte!

Je ne sais pas vous, mais moi, j’en ai un plutôt mauvais souvenir, de la jupe culotte. Figure imposée BCBG des 90’s, elle bouleverse les codes esthétiques actuels, un peu comme quand tout le monde s’est autorisé à porter des slims il y a 3 ans, avec plus ou moins de succès. Donc la jupe-culotte, c’est la gloire de la fesse plate, des plis de tissus en bas du ventre en position assise, et de la jambe coupée.
Pourquoi ce rejet catégorique ? Non, ce n’est pas parce que ça ne va à personne, mais bien en raison d’un traumatisme profond…
La jupe culotte de mon enfance était fleurie (et pas un joli liberty, non, de grosses fleurs fushia avec des feuilles et tout et tout !), élastiquée à la taille et obligatoire le dimanche -pour faire plaisir à tata Véro qui l’a cousue main!- accompagnée de ses collants en laine qui grattent. Je ne lui trouvais alors qu’un seul avantage, celui d’empêcher les malheureux collants de glisser.
Alors, Karl, pour Automne/hiver 2010, le retour du pull jacquard ? Ou la robe à smoke ?

La violence de Boltanski ne consiste pas à nous mettre face à l’horreur de la Shoah. La violence de Boltanski c’est cette capacité qu’il a à venir chercher tout au fond de nous notre sentiment profond de ce qui est inhumain.
Si vous entrez un soir dans la nef très -volontairement- froide du Grand Palais, si vous êtes bien disposés, vous serez pénétrés de l’impact de ces installations. Il ne s’agit pas de nous montrer des images concrètes de la mort automatique, mais de nous mettre face aux traces de cette tendance de l’Homme.
Nous sommes libres alors de suivre les cailloux blancs de Boltanski ou de les laisser là. Mais si nous nous laissons guider, alors le temps sera suspendu aux mouvements saccadés de cette machine géante remuant la matière inerte. Violence est le mot lisible sur toutes les lèvres de ceux qui restent médusés à ses pieds. Une violence plutôt douce, mélancolique, qui nous pousse ensuite à errer dans les allées, enveloppés par le brown-rown-rown qui résonne mi-mécanique, mi-organique. Puis à ressortir, et à s’empresser de rire, de quelque chose, de n’importe quoi, juste pour rire, juste pour vivre.

Monumenta 2010, au Grand Palais, du 13/01/10 au 21/02/10.
Attention, le site de l’exposition montre des photos des installations en home page (à éviter si vous compter aller voir l’expo) : http://www.monumenta.com/2010/